Le remaniement va relancer la question concernant la politique économique pour la France. Comme souvent on peut s’attendre à un débat binaire entre politique libérale et politique keynésienne; on parle aussi de politique de l’offre par rapport à politique de la demande. Pour faire simple, la gauche préconisait la politique de la demande et la droite celle de l’offre. Dans le but de relativiser et d’apporter de la nuance au débat il convient cependant de rappeler brièvement certains éléments de base.
Tout d’abord, les recommandations de Keynes portaient essentiellement sur le court terme c’est-à-dire sur des durées de l’ordre de quelques mois et rarement au delà de l’année ni d’un quinquennat. Par ailleurs les modèles de croissance keynésiens de long terme intégraient les effets de variable comme la démographie, le progrès technique ou l’innovation…
Keynes conseillait au gouvernement que l’état se substitue aux entreprises en matière d’investissement car ce dernier peut rester en panne et fluctue largement, en tout cas beaucoup plus que la consommation. De plus la relance par la consommation concernait des économies dont les salaires étaient moins rigides qu’aujourd’hui.
Jean-François Roubaud représentant de la CGPME rappelait récemment que ce qui compte pour l’entreprise, c’est le carnet de commande alors que l’on pouvait s’attendre à ce qu’il préconise en priorité des baisses des coûts salariaux. Cela ressemblait à une bonne nouvelle pour les partisans de la relance par la consommation mais une mauvaise nouvelle pour la conjoncture car ce qui compte réellement ce sont les projets d’investissements. C’est ce que Keynes appelait le principe de l’ « effectiv demand » traduit en français par « demande effective » alors qu’il aurait fallut la traduire en « demande efficace » dans le sens où les entrepreneurs créent des emplois lorsqu’ils anticipent leurs décisions d’investissement. L’analyse de Jean-François Roubaud n’est donc pas forcément une bonne nouvelle ! Voir l’article « l’Entreprise en récession, Conjoncture et Décisions https://www.theoreco.com »
Concernant la politique budgétaire, en matière d’investissement on peut s’attendre à de la nouveauté créatrice et les questions à se poser devront être les suivantes :
Si l’état décide d’investir dans certains secteurs économiques: lesquels ? Qui les choisis ? Qui donne son accord ? Sur quels critères ? Avec quels objectifs de dépenses et de retours ?
Les conditions ne sont plus celles de années 50 ; Les stratégies de choix d’investissement sont beaucoup plus délicates et nécessitent des compétences en matière de technologie et de connaissances vécues des marchés en France et à l’international.
Libéralisme ou interventionnisme de l’état ? Il serait souhaitable qu’il y ait débat non pas de manière absolue mais bien par rapport à une situation : pays, part des dépenses d’état par rapport au PIB, niveau de la dette, niveau des déficits, degré d’exposition international des secteurs d’activité, compétence et agressivité commerciale des dirigeants français sur les appels d’offre internationaux, coûts salariaux, professions, contraintes des réglementations commerciales et salariales….
En 2005, à l’occasion de la publication de son livre « Keynes et ses combats », Gilles Dostaler, le spécialiste de la personnalité de Keynes me confia que si Keynes revenait (en 2005) en France il serait sans aucun doute libéral
Bernard Biedermann 31 mars 14