Des syndicats « Pôle Emploi »
Conjoncture et décisions Bernard Biedermann http://www.Theoreco.com
Des syndicats « Pôle Emploi » novembre 2016
Mots clés: Pôle emploi, Syndicats, organisation syndicales professionnelles, Chômage en France, grève politique.
Ce qui suit est une suggestion plutôt originale. Parmi les nombreuses réformes favorisant le retour à l’emploi, on pourrait lancer l’idée que les syndicats exercent des fonctions de placement sur le marché du travail. Les syndicats qui le souhaiteraient développeraient au sein de leurs organisations des services de placement comme le font Pôle Emploi ou des sociétés privées et seraient rémunérés en conséquence.
Leur bonne connaissance, des entreprises dans lesquelles ils sont présents, de la spécificité de la branche d’activité, de la situation des métiers sur le marché concerné permettrait aux syndicats de développer ce type d’activité.
Tout d’abord cette nouvelle activité allégerait les charges actuelles de Pole Emploi qui connaît de grandes difficultés à atteindre ses objectifs autant sur la quantité des dossiers à suivre que sur les compétences nécessaires à mettre en relation offreurs et demandeurs. En 2014, 2.4 millions d’offres d’emploi ont été confiées et satisfaites grâce à Pôle Emploi (Chiffres Pôle Emploi). Compte tenu du nombre de collaborateurs de Pôle Emploi (54 000), il y a eu en 2014, 45 salariés placés par collaborateur de Pôle Emploi. Il y a en France près de deux cents organisations syndicales professionnelles ou non représentant environ 10 % des salariés. Ces chiffres donne alors une indication de ce que les syndicats pourraient réaliser.
De bonnes informations relatives aux profils catégoriels recherchés par l’entreprise ainsi que le vécu des aspects RH sont un atout pour les syndicats qui de plus y gagneraient en recrutement. Ceci les positionnerait de manière favorable par rapport à des sociétés privées de placement comme Le bon coin dont le domaine est avant tout le matching numérique entre l’offre et la demande.De son côté, le recruteur disposerait d’une information complémentaire concernant l’adhésion syndicale éventuelle du postulant.
Du point de vue du code du travail, rien ne s’oppose à ce que des organisations syndicales exercent cette nouvelle activité d’ordre économique. Des activités non syndicales, voire politiques, comme la grève pour raisons politiques, même dans le cas où le Parlement et le Sénat traitent démocratiquement de ces raisons, sont aujourd’hui licites, conformément au code du travail. Par ailleurs, certains syndicats jouent également un rôle de gestionnaire d’organismes fondamentaux pour la vie des salariés : Caisses nationales d’assurance maladie, caisse d’allocations familiales et d’indemnisation des chômeurs et de retraites.
En jouant le rôle d’un Pôle Emploi, les syndicats disposeraient d’une meilleure compréhension des décisions stratégiques de l’entreprise et s’impliqueraient de manière plus responsable dans un syndicalisme constructif ; en 2017 on est bien loin des trente glorieuses durant lesquelles, à cause d’une inflation d’anticipations, la fonction unique des syndicats était de rattraper les pertes continue de pouvoir d’achat.
Bernard Biedermann