La France en queue de peloton…
Par Bernard Biedermann,
le mercredi 1er février 2017
Les débats actuels en matière d’économie sont truffés de comparaisons internationales. Il en est ainsi, du pourcentage de l’État dans le PIB, du coût du travail, du niveau des impôts, du degré de flexibilité du code du travail et bien sûr des montants des dettes intérieures et extérieures. En 2016 la France se classe en queue de peloton parmi 15 pays européens pour tous ces critères. Cela explique sans mal pourquoi les entreprises n’embauchent plus en France.
Un politicien qui veut argumenter pour défendre la situation actuelle pourra toujours trouver le cas d’un autre pays, qui pour un seul de ces critères est également en queue de peloton, mais a pourtant un faible taux de chômage. Toute l’erreur est là, car les données économiques sont toujours caractérisées par l’interdépendance de plusieurs variables. Certes, il n’est pas facile d’expliquer des choses aussi complexes sans recourir à un certain réductionnisme. De ce fait les débats se déroulent souvent entre réductionnistes et le ton monte. Or quand le ton monte, la pensée descend !
Il existe néanmoins des indicateurs synthétiques qui peuvent aisément permettre de trancher les débats. Par exemple, le résultat brut nécessaire à l’entreprise pour servir un revenu net de 100 à l’investisseur taxé à un taux d’IR intermédiaire. Cet indicateur est calculé sur la base des résultats, des chiffres d’affaires et des coûts salariaux. Il est un critère important dans le processus de décision d’investissement et de recrutement que l’on peut généraliser au niveau macroéconomique. Or, en France, pour servir un revenu net de 100 euros à l’investisseur, l’entreprise doit produire un résultat brut de 230 euros, contre 195 pour l’entreprise allemande et 185 pour l’entreprise britannique [1].
Il tombe donc ici sous le sens que la France doit mettre en œuvre des réformes permettant d’augmenter substantiellement la marge des entreprises françaises. Ainsi, on ne supprime pas l’ISF pour faire plaisir aux riches, on n’assouplit pas le code du travail pour satisfaire le MEDEF, et on ne réduit pas le poids de l’État pour se donner une coloration libérale. Mais on le fait parce que c’est nécessaire pour tous. Il s’agit de reconstruire les conditions d’une économie souple, dynamique et surtout qui recrute, et c’est comme cela qu’il faut expliquer les nouvelles mesures aux Français.
L’objectif est bien le retour au plein emploi et trop souvent, politiques et médias séparent les objectifs des moyens pour les atteindre : certaines interviews sont divisées en plusieurs parties complètement séparées. Par exemple on parlera d’abord de l’ISF sans le relier à son impact réel sur l’emploi puis dans une autre partie on traitera du problème du chômage.
On dit souvent qu’en France nous sommes des rêveurs qui n’aimons pas les chiffres. Il faudra bien finir par reconnaître la réalité.
[1] Baromètre AMAFI / 16-46 11 octobre 2016