Conjoncture et décisions Bernard Biedermann http://www.Theoreco.com
On n’est plus dans les années 60 ….. Février 2016
Mots clés: OFCE , Xavier Ragot, relance de la demande, rendement de l’investissement, IRDEME, Fiscalité, Code du travail, CDD , Charges salariales , création d’entreprise , chômage
Dans un article récent intitulé « Le progrès technique n’est pas le problème » , publié dans Alternatives Economiques, Xavier Ragot , Président de L’OFCE suggère que la faiblesse de la croissance est plus liée à une insuffisance de la demande qu’à son ralentissement. L’analyse macroéconomique concerne l’Europe et la France. Il s’agit de la demande globale, c’est-à-dire : la consommation, l’investissement, les exportations et les dépenses de l’état. En toute rigueur Xavier Ragot recommande donc une relance par la demande. Il rappelle qu’ « à court terme, l’investissement des entreprises, l’investissement des entreprises est déterminé par la demande des ménages et à plus long terme (cinq ans) par le taux de marge, c’est à dire la profitabilité des investissements. Si pour augmenter la demande, il faut stimuler l’investissement privé, ce qui nécessite d’accroître la demande ….Force est de reconnaître que le problème n’est pas résolu.»
Restons dans cette logique de taux de marge anticipé sur le long terme. Pour qu’un investissement soit adopté il faut que les marges anticipées soient jugées convenables par rapport aux risques et aux rendements des placements financiers. Le calcul des marges est bien entendu fondé sur les coûts et les chiffres d’affaires, c’est-à-dire, quantités anticipées x prix anticipées.
Or il se trouve qu’en France, en comparaison avec d’autres pays beaucoup moins touchés par le chômage, l’investissement par créations d’entreprises est très en retard. Les raisons sont connues : poids de la fiscalité (ISF, plus values…), poids de l’état, charges salariales et rigidité du code du travail. De plus, l’économie française est mal placée car tous ces freins agissent conjointement, contrairement à d’autres économies qui ne subissent que un ou deux de ces défauts. Il y a donc un manque certain d’investisseurs par découragement a priori.
Alors, pour en revenir à une logique keynésienne, il n’y a pas d’investissement de long terme car il n’y a pas d’anticipation de la demande , et ce , tout simplement, parce qu’il n’y pas assez d’anticipants .
Cette hypothèse est confirmée par des statistiques à interpréter avec prudence notamment pour ce qui concerne les auto entrepreneurs, très nombreux, mais peu productifs car pour la grande majorité d’entre eux, il s’agit d’anciens chômeurs. Ainsi le nombre élevé d’auto- entrepreneurs révèle, comme pour les CDD, la rigidité du code du travail français.
Comme l’a montré L’IRDEME, c’est la France qui, crée le moins d’entreprises nouvelles employeuses, à peine 25000/an créant moins de 100000 emplois/an contre 200000 entreprises en Angleterre et presque 500000 emplois créés.
D’autres études confirment notre hypothèse ; elles concernent des comparaisons internationales relatives à la taille des entreprises. AMADEUS par exemple, montre que les jeunes entreprises françaises stagnent à un niveau de taille largement inférieur à celui des entreprises allemandes ou anglaises ; En France, par rapport à l’Allemagne et au Royaume Uni, il y a deux fois moins d’entreprises dans les deux tranches « 250 salariés et plus » et 250 à 4999 salariés ».
La composante internationale nous semble également être sous-estimée dans l’article de Xavier Ragot. Aujourd’hui, toute entreprise projetant d’investir dans des produits ou services ayant pour caractéristiques de pouvoir être d’exportés, se pose dès le début la question de son marché au niveau international et ce, pour s’assurer une croissance à long terme.
Plus généralement, nous devons assumer le fait que l’analyse macroéconomique du début du vingt et unième siècle n’a plus rien à voir avec les analyses et recommandations de politiques économiques des années soixante …